Le Centre International d’Art Verrier (CIAV) a rallumé un premier four de fusion en 1992 sur la friche de l’ancienne Verrerie de Meisenthal (1704 – 1969). Il a pour but de préserver l’héritage technique de son territoire en favorisant la rencontre entre son orchestre de verriers-interprètes et des créateur-compositeurs contemporains (artistes, designers, étudiants en Écoles d’art…). L’objectif de ce travail de croisement est de revisiter le solfège verrier traditionnel, d’écrire de nouvelles partitions d’objets et d’assurer la continuité d’un savoir-faire tout en l’inscrivant dans son époque.

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Quand la verrerie de Meisenthal a cessé son activité en 1969, la chaîne humaine de transmission des savoir-faire s’est brisée. Brutalement. Le CIAV, dès ses premières heures, a pris le parti de tenter de réparer cette chaîne pour réveiller les savoir-faire propres à notre territoire et a investi beaucoup d’énergie dans la poursuite de séances de transmission du savoir-faire. D’anciens verriers, pour la plupart retraités, vétérans de l’épopée verrière et cristallière locale, ont ainsi été (re)mobilisés pour transmettre des kniffs (« coups de patte » en patois local) à nos jeunes verriers. Ces campagnes de transmission d’homme à homme ont permis de préserver des techniques liées à la spécificité de certaines unités de production locales ou typologies d’objets et de constituer un corpus de techniques qui seront pour la plupart réemployées plus tard dans des créations contemporaines. Rappelons ici que seule la pratique régulière de gammes techniques peut entretenir la continuité d’une culture technique artisanale.

Mais que serait le pianiste sans piano ? Au-delà en effet des savoir-faire à proprement dits, il est primordial de parler des outils. Outre l’arsenal des outils dits « à la main », assez rudimentaires, utilisés par les souffleurs de verre (cannes, ciseaux, mailloches, pinces etc…), il en est un, primordial, qui assure à tous systèmes productifs verriers sa capacité à aborder des productions sérielles : le moule.